Belgique : La facture d’eau devenue indigeste: "Consommation Retards de paiement et plans d’apurement se multiplient"

C’est une facture parmi les autres. Pas la plus importante. Mais la consommation d’eau connaît le même sort que les autres « douloureuses ». De plus en plus de retards de paiement, de demandes d’étalement du remboursement. Et de recours aux instruments d’aide aux plus démunis : les fonds sociaux. Sociétés de distribution de l’eau, services sociaux, politiques, à Bruxelles comme en Wallonie, on confirme : « Les gens ont de plus en plus de mal. Et cela ne va pas s’améliorer ».

A la Société wallonne des eaux (SWDE), premier distributeur au sud du pays avec un million de raccordements alimentant 2,4 millions de personnes, les chiffres parlent d’eux-mêmes. « Entre 2008 et 2011, le nombre de mises en demeure est passé de 137.000 à 148.200 (+8 %), indique Isabelle Dykmans, directrice de la coordination commerciale. Entre 2009 et 2011, le nombre des plans d’apurement a grimpé de 37.000 à 40.000 (+8 %) ». Malgré une facture moyenne de 273 euros par an, pour une consommation de 65 m³, l’eau devient de plus en plus lourde. Entre 2011 et 2012, les prix devraient d’ailleurs encore progresser d’environ 3,5 % en Wallonie et d’environ 8,4 % à Bruxelles.

« Le même phénomène concerne toutes les factures, témoigne Anne-Sylvie Mouzon, présidente du CPAS de Saint-Josse. On a du mal à tout payer ; et pas seulement l’eau ». Sans doute, enchaîne Michel Colson, patron du CPAS de Watermael-Boitsfort « mais avec l’augmentation du prix de l’eau, la facture est beaucoup moins facilement assimilable qu’il y a dix ans ».

Tous les distributeurs témoignent que le problème a déjà 4 à 5 ans d’âge. Mais il s’accentue. La Compagnie intercommunale liégeoise des eaux (Cile) est le deuxième opérateur wallon (246.000 abonnés, totalisant 558.000 personnes sur 24 communes). « Entre 2010 et 2011, le nombre de rappels a augmenté de 4,28 % (138.000), les mises en demeure ont crû de 8,61 % (78.755) et les plans d’apurement de 15 % (22.000) », explique Michèle Gustin du service clientèle.

Les fonds sociaux réalimentés

« Il est vrai, poursuit Emmanuel Gaziaux, directeur administratif et financier de l’IECBW (l’intercommunale des eaux du centre du Brabant wallon), que les gens connaissent de plus en plus les procédures de recours, et qu’il y a parfois une certaine négligence. Mais chez nous aussi les plans de paiement se multiplient et pour des montants beaucoup plus faibles ». En Wallonie, le Fonds social de l’eau, qui intervient à la demande des CPAS pour aider les clients à payer leur facture, est de plus en plus sollicité. Utilisée à 68 % en 2008, cette « cagnotte » l’est désormais à 95 % avec 10.000 interventions par an, indique Claude Pirotte, conseiller à la Société de la gestion de l’eau. « On arrive à la limite du système, dit-on au cabinet du ministre responsable, Philippe Henry (Ecolo). Le Fonds va être totalement épuisé. Or, on s’attend à une augmentation des demandes ». D’où le projet d’augmenter la cotisation que tout consommateur wallon paye pour alimenter le fonds. Elle pourrait passer de 1,25 à 2,25 eurocents le mètre cube. Le Fonds social bruxellois a suivi la même logique. En 2011, sa dotation a été triplée, passant de 600.000 à 1,8 million d’euros. Même constat, même logique. « C’était loin de faire

le compte », dit Colson. Chez Hydrobru, on témoigne aussi de « retards de paiement et de difficultés de recouvrement ». Pour, Yves Bourdeau, son directeur général, « il est clair qu’on doit s’attendre à ce que cela augmente à l’avenir ».

+ 50 % en cinq ans Le prix du mètre cube d’eau a augmenté, entre 2006 et 2011, de près de 50 % dans

+ 50 % en cinq ans

Le prix du mètre cube d’eau a augmenté, entre 2006 et 2011, de près de 50 % dans les trois régions du pays. En 2011, un ménage moyen a payé 299,2 euros à Bruxelles, 337,06 euros en Flandre et un peu plus de 337,9 euros en Wallonie. Ainsi, en 2006, une famille bruxelloise payait 207,89 euros, une flamande 227,52 euros et une wallonne 239,25 euros. Le calcul vaut pour une famille composée de 2,3 personnes et consommant 88 mètres cubes d’eau par an.

L’augmentation des prix provient principalement du coût de l’assainissement des eaux usées, des normes européennes obligeant les Régions à traiter davantage leurs eaux. (b)